Quand l’urgence n’en est plus une.

Publié le par Lartemizia

21 avril 2008, 13h20, clinique Beau Soleil. Il fait beau pour notre arrivé, ça change.

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 Un box, une couchette, une chemise bleue un peu étroite pour moi, des protèges pieds et une charlotte. Je dois me déshabiller intégralement pour enfiler l’uniforme. C’est tellement sexy que nous nous amusons à me photographier.

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Ça aide à penser à autre chose en attendant.
L’infirmière débarque pour me placer la perfusion en pleine séance de photo. Elle sourie et nous laisse finir. Elle me perce là où je lui indique que ça fonctionne bien, au pli du coude. Merci madame, je n’ai tellement pas envie de reproduire l’expérience des urgences.
Et nous en faisons une nouvelle série.

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Mise en scène...

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 Là, je me la joue pâmée.

 Mais très vite l’on vient me chercher, je serais de retour dans une heure et demie. Nous marchons jusqu’au sas du bloc. Un brancard, je m’allonge. Elle m’enroule les pieds dans le drap, me couvre d’une couverture (il ne fait pas chaud dans le bloc paraît-il) m’explique rapidement la procédure et me laisse seule.
Je me sens vaguement inquiète, pas paniqué, mais pas totalement dans mon assiette quand même. J’observe longuement le carré de néons au-dessus de ma tête. Rien d’autre à faire de toute façon. La tête vide, j’attends. Cela ne me paraît même pas long, 10, 15 minutes peut être.

J’entends la porte coulissante du bloc s’ouvrir dans un chuintement. Une voix masculine m’accueille. Sous le bonnet vert réglementaire, je découvre une coupe de cheveux parfaitement soignée,  plus bas, un minuscule triangle de poils ras souligne la lèvre. Des lunettes très design terminent ce visage exagérément coquet mais parfaitement aimable, presque chaleureux. Il part à la recherche de mon dossier, introuvable et mon brancard avance. Une nouvelle tête apparaît dans mon champ de vision. Je reconnais mon docteur. Enfin, je reconnais surtout son sourire si rassurant. Tien, lui aussi a des lunettes design. Ils sont deux maintenant à conduire mon brancard vers le bloc qui me paraît immense. Je ne dirais pas que le chemin me semble interminable mais presque. Lorsque nous passons la porte, une voix féminine prononce mon nom. Je cherche des yeux, un sourire répond à mon regard. C’est tout bête, mais dans ces moments là, ça fait du bien : ne pas sembler n’être qu’un numéro ou un morceau de viande…
Le bonnet vert à la barbichette de dandy que je suppose être l’anesthésiste me demande de me positionner sur le coté, les fesses contre la barre, les genoux posés l’un sur l’autre, la tête comme-ci, le bras comme ça…  Bref, je me cale. A peine le temps de suivre les directives, de retrouver mon dossier qui avait glissé sous mon buste et déjà je me sens toute bizarre.  Je le soupçonne de m’avoir branché sans que je ne m’en aperçoive et je sombre avec délice, plus d’inquiétude, plus de douleur, au revoir tout le monde …. De toute façon, pas le choix !

Mon chariot est en mouvement quand j’entends mon nom. Puis ça stop. Je dois être en salle de réveil. Couchée sur le dos. J’ai du m’être retournée seule, les autres sont encore sur le coté. Ça n’a aucune importance, mais qu’ont-ils donc fait de moi pendant mon sommeil ? De toute façon, je suis encore bien trop embrumée pour m’arrêter longtemps à cette question.
Je fais le tour du propriétaire. J’ai un tube dans le nez qui m’envoie de l’oxygène, l’index pincé par l’appareil qui surveille mon pouls et le bras droit enveloppé par le manchon qui se gonfle à intervalles réguliers pour mesurer ma tension. Je me croirais un protagoniste d’un feuilleton médical.

Mon voisin de droite ronfle aimablement, je demande mi inquiète, mi amusée si j’en ai fait de même. Le bonnet vert d’ici me répond que j’avais les yeux ouverts en arrivant. Ah bon ? Pas le souvenir. J’entends mon élocution encore très approximative. Il n’est arrivé d’avoir l’esprit plus vif.
J’ai la pendule devant les yeux. Elle reste pour moi quelque chose de très abstrait. Alors, vous dire combien de temps je suis restée là…
J’émerge doucement, mon voisin de gauche ronfle toujours, plus doucement. Celui de droite tousse bruyamment. Le petit bonhomme vert passe la tête de temps à autre pour voir si tout va bien. Lorsque qu’il reste un peu plus, je tente d’engager la conversation histoire de reprendre pied dans la réalité. Je lui demande s’il fait tous les jours la même chose. Il m’explique qu’ils tournent sur les quelques services que compte le bloc, qu’ils apprécient venir en salle de réveil une fois par semaine parce que c’est plus reposant.

Le temps est passé, il me débranche le nez, le bras, le doigt et enlève le tuyau de la perfusion qui était encore fiché dans mon bras droit. Il m’enjoint de ranger mes bras à l’intérieur des barrières parce que le passage est étroit. J’aperçois des traces sur le mur et mon brancard ne manque pas de frotter au même endroit. Encore une erreur de conception de l’architecte…

Pendant le déplacement je tente de regarder à droite ou à gauche, voir comment est foutu un bloc opératoire. Ce n’est pas tous les jours que l’on y  pénètre. Il faut dire aussi que l’étude du plafond m’a un peu lassé. Les plaques blanches sont un peu toujours identiques. Et s’ils nous décoraient les plafonds des lieux de transites à la manière d’un Giovanni Battista Gaulli avec ses trompes l'oeil si puissant, ça aurait de la gueule, non ?

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Plafond de l’église Santa Maria del Gesù à Rome

 Il me laisse au sas et me dit que l’on va venir me chercher. De nouveau ce carré de néons. Eux non plus ne sont pas franchement passionnant à force. Mais rapidement deux infirmières viennent me récupérer. Me voilà dans mon bloc (n°3).  Je retrouve mes vêtements, me rhabille lentement et sors prendre mon « petit déjeuner ». Je me sens toute flageolante et pas sur de mes mouvements. Le couloir n’est pas long heureusement.

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 Je retrouve David au coin petit déjeuner

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 Si moi je n’ai même pas faim, lui a une dalle d’enfer. Il court chercher de quoi se nourrir à la cafétéria et j’attaque lentement mon bol de thé, j’ai quand même soif. Un petit pain avec du beurre, un yaourt et je suis totalement rassasiée. J’ai même une sensation de trop plain, sensation que je connais trop bien.
Je n’ai toujours pas très bonne mine.

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 Commence l’interminable attente. Quatre heures avant de pouvoir sortir. Au début, ça va, je ne suis de toute façon pas capable de grand chose. Nous sommes 6 à attendre que le temps passe. Un événement vient animer cette attente, nous devons aller prendre notre tension, l’un après l’autre nous dit l’infirmière. Les plus impatients commencent. Moi je sais que j’en ai encore pour longtemps d’attente.
11.7, tout va bien.

Pour passer le temps, je vais faire quelques photos, et je m'amuse avec le miroir des toilettes.

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Et oui, parfois la douleur reviens...

 Maintenant c’est le docteur que j’aimerais bien voir. Il est bien passé en salle de réveil mais je ne me souviens pas trop de ce qu’il m’a dit. Et toujours ces douleurs que j’aimerais qu’il apaise. J’utilise avec parcimonie, le médicament que ma prescrit l’urgentiste, à chaque fois j’ai l’impression d’être totalement droguée. Et ça dure toute la journée. Suivant ce que je veux faire, ce n’est pas top quand même.
Bref, à 17h30, ne le voyant toujours pas pointer le bout de son nez, je vais voir la secrétaire. « Mais il m’a dit qu’ils vous avait tous vu ! » Comme-ci j’étais en état de comprendre un mot de ce qu’il me disait dans l’état semi-comateux dans lequel j’étais ! Je suis franchement en colère, la preuve que je me réveille et je retourne à ma place en rouspétant. La secrétaire a du le prévenir parce qu’il déboule rapidement et me reçoit dans son bureau. Il m’explique qu’il a trouvé un estomac très enflammé (je l’aurais deviné vu les douleurs) et un reste de bol alimentaire ce qui n’est pas normal vu l’heure et la frugalité du petit déjeuner ingurgité. Mon estomac met donc un temps absolument anormal pour digérer (ça aussi je l’avais deviné). Il a pratiqué un prélèvement dont les résultats seront communiqués dans une dizaine de jours à mon médecin traitant. S’il s’agit d’une bactérie, il me prescrira des antibiotiques. « Et en attendant, continuez votre régime alimentaire. » Chouette, une bonne diète forcée, ça m’aidera à retrouver ma ligne !!! Et en attendant docteur, la douleur ? Ben oui, il avait oublié… Il me prescrit donc un antidouleur mieux toléré et un accélérateur de digestion (à sa moue, je me demande s’il le pense franchement efficace).
En résumé, il sait que ce n’est pas grave, mais il ne sait pas ce que j’ai. Je ne sais pas pourquoi je m’y attendais… La médecine n’est pas une science exacte et je dois avoir le chic pour rester originale à tout prix (des fois je m’en passerais). Je me souviens de ma série d’examens médicaux il y a quelques années, (deux pneumoscopies, un scanner, une gastroscopie). J’ai été malade, heureusement moins douloureusement, pendant près d’un an, et jamais ils n’ont trouvé. J’ai retrouvé la santé toute seule… J’espère que ça durera moins longtemps ce coup-ci.

J’ai heureusement encore quelques jours de vacances pour me remettre en forme. Les nuits d’insomnie ne sont pas du meilleur effet pour la santé. Après ; il faudra que j’assure à nouveau. Ce ne sont pas tant les élèves que je crains, mais plutôt les 526 km par semaine que ce « bip » d’emploi du temps m’impose. Ce matin, j’ai eu la mauvaise idée de comptabiliser mes frais : je dépense un cinquième de mon salaire en carburants. Et je ne compte pas les autres frais d’entretien. Je me demande si c’est vraiment rentable de me ruiner la santé pour si peu…

Publié dans Au jour le jour

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A
Oh mais toi n'importe quoi te rends sexy et glamourissime :-) Et contente de faire la connaissance de David dont j'ai beaucoup entendu parlé ;-)<br /> Posté par akynou, 23 avril 2008 à 13:17
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A
évidence<br /> C'est tellement évident que j'ai presque honte de le dire. Mais tu l'as bien cherché.Je parle du plafond. Imagine un instant que tu te réveilles avec ce plafond italien là, imagine.Dans le dixième de seconde qui suivra, tu sauras que l'anesthésiste s'était trompé dans les dosages.<br /> Posté par andrem, 22 avril 2008 à 14:40
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