Ubuesque ou kafkaïen ?

Publié le par Lartemizia

Comme avoir des galères de santé ne suffit pas, il est joyeux d’en ajouter une bonne couche.

 

Je commence par la plus légère mais non la moins ubuesque. La Sécurité Sociale …

Divorcée, la réglementation permet à mes enfants de figurer sur mon compte de sécu ainsi que sur celui de leur père. Cela a fonctionné jusqu’au jour où le kiné à reçu un refus de remboursement pour un acte pour Suzanne sous prétexte qu’elle était sous mon régime. C’est à cette occasion que son père a découvert que Suzanne n’était plus inscrite sur son compte depuis de longs mois. Parce qu’un courrier l’en prévenant, ce serait trop leur demander. J’ai donc écrit pour lui une belle lettre un tout petit peu agacée à la MSA, dont voici un extrait.

 

« Lorsque nous avons divorcé, nous avons opté pour la garde alterné afin de préserver l’équilibre affectif de nos enfants. Nous avons obtenu à l’époque que nos filles soient inscrites sur nos deux cartes vitale, ce qui a été extrêmement pratique. Parce que, voyez-vous, les enfants ne choisissent pas d’être malade seulement chez maman quand ils sont sous son régime. Et oui, les enfants peuvent être malade indifféremment chez maman ou chez papa ce qui oblige le parent concerné à prendre rendez-vous chez le médecin pour faire soigner l’enfant. Quand mes filles étaient malades chez moi, je les emmenais chez le médecin de famille que je payais et à qui je présentais ma carte vitale pour être remboursé. Lorsqu’elles étaient malades chez leur mère, elle faisant de même, chez le même médecin. Ceci a duré quelques années, jusqu’à il y a peu. Un jour, fortuitement, j’ai découvert que ma fille Suzanne n’était plus sous mon régime depuis des mois (ce que je ne savais pas) parce qu’elle était inscrite sur la carte de sa mère. Ce qui m’interdit donc, soit de me faire rembourser, soit de soigner mes filles lorsqu’elles sont malades. Je pourrais, demander à leur mère de me laisser sa carte vitale le temps d’accompagner mes filles chez le médecin. Cela impliquerait une sacrée logistique : prévoir quand les filles seront malades pour être certain d’avoir le temps de récupérer la carte et demander à leur mère de surveiller ses remboursements maladie pour qu’elle me rembourse la somme de la visite et des médicaments. Vous m’accorderez que ce n’est pas simple à mettre en route, et encore, nous entretenons des rapports cordiaux. Ils font comment les parents qui ne se parlent plus ? Tout cela aide à la fluidité des rapports entre eux, c’est certain et favorise donc l’équilibre des enfants. Non ? C’est le contraire ?
Bref, pour ce que je suppose être une sombre histoire de règlement mal maîtrisé, vous compliquez énormément la vie. En êtes-vous conscient ? »

Quelques temps plus tard, il m’a fallu de nouveau écrire pour mon ex-mari à ce cher organisme qui visiblement avait un peu de retard à l'allumage :
« Vous m’avez fait parvenir une demande de pièces afin de compléter mon dossier. Voici donc une copie de mon livret de famille, un certificat de scolarité pour ma fille Julie ainsi que la déclaration en vue de rattachements.
Je dois avouer qu’il aura fallu du temps pour qu’enfin vous compreniez que mes filles étaient rattachées à mon assurance maladie. Par contre, des explications claires sur le fonctionnement des divers organismes de maladie  et entre autre sur le rattachement des enfants de parents divorcés, je n’en ai eu aucunes ! A me demander même si vos services savent exactement comment cela fonctionne ! Je sais aujourd’hui qu’elles ne peuvent figurer que sur une des deux cartes vitales (lorsqu’elles ont moins de 16 ans) mais que cela n’empêche en rien la possibilité de remboursement pour les deux parents par leur caisse respective. Alors, pourquoi le kinésithérapeute qu’est allée consulter ma fille Suzanne a-t-il reçu dans un premier temps un refus de remboursement sous prétexte qu’elle était rattachée à l’organisme de sa mère ? Il aura fallu insister pour qu’enfin vos services acceptent de rembourser.  J’y vois là soit une incompétence notoire soit un refus des services qui vous sont pourtant obligatoire et c’est grave !
J’ai reçu, il y a peu une attestation pour mes filles et moi et j’en suis bien heureux. Par contre, ma fille Julie aimerait bien recevoir le formulaire pour faire une demande de carte vitale. Y penserez-vous bientôt ? »

 

Depuis, j’ai appris que la réglementation avait changé et qu’elle permettait aux enfants de figurer sur les deux cartes vitales. Je sens qu’il va me falloir à nouveau leur expliquer.
Entre temps, elle nous a refait deux fois le même coup, une fois sur mon compte, une autre fois sur le sien.

En février, après avoir trouvé une solution à mes galères de chômage, comme j’avais été pas mal malade, par acquis de conscience, je vais faire une petite vérification sur mon compte Améli.fr. Et oui, merveilles de la modernité, je ne reçois plus de relevé papier. D’un coté, ce n’est pas plus mal pour l’environnement, mais cela m’oblige à une surveillance qui me pèse. Enfin, je le fais quand même et heureusement ! Parce qu’avec ce que j’ai découvert, il m’a fallu de nouveau écrire, mais au CPAM ce coup-ci :

 

« Je suis allée vérifier mes relevés de remboursements maladie sur mon compte Améli.fr et j’ai fait une découverte qui m’a stupéfait. Et oui, j’étais devenue tout à coup la fille de ma fille.

Je vous explique : sur le relevé dont je vous joins une copie, vous inscrivez comme assuré sociale Julie (qui est ma fille) et juste en dessous apparaît MON numéro de sécurité social. Je suis donc devenue par magie l’ayant droit de ma fille.

Je vous indique donc que ma fille étant née le 11 avril 1992 dans le département de l’Hérault, elle ne peut en aucun cas porter un numéro commençant par (2) 63 07 75 !!! Par contre, je suis né en juillet 1963 dans ce qui était encore à l’époque le département de la Seine (75).

J’aimerais donc que cette erreur soit très rapidement corrigée, je me méfie des complications que cela pourrait m’apporter.

Pourriez-vous en profiter pour enfin enlever mon nom d’épouse que vous avez ajouté contre ma volonté à mon nom de naissance. Ayant divorcée le 6 juin 2005, j’aimerais qu’enfin vous régularisiez mon patronyme.
Je joins à cette lettre, une copie de mon livret de famille où vous pourrez vérifier la réalité et la date de mon divorce, ainsi que Julie est bien ma fille et non l’inverse.

 

Par ailleurs, j’ai demandé sur le même site Ameli.fr une attestation de droits. J’ai eu la mauvaise surprise de voir que mes filles n’y apparaissent plus. Pourtant, rien n’a changé dans ma situation, Julie est toujours lycéenne et Suzanne toujours collégienne. Je sais également quelles peuvent être en même temps inscrites sur le compte de leur père et le mien (je viens de vérifier une fois de plus sur Ameli dont voici l’extrait : Si vos enfants étaient inscrits sur un seul de vos comptes, vous pouvez demander à ce qu'ils soient inscrits à la fois sur le compte de votre conjoint et sur le vôtre ».) Leur père est à la MSA et depuis 5 ans que nous sommes divorcés, il est arrivé plusieurs fois que cet organisme nous complique la vie en niant le droit des enfants à être sur les deux comptes. J’espère qu’ils n’ont pas recommencé… »

 

C’est t’y pas joli ? J’ai rajeuni d’un coup ! J’adore être la fille de ma fille, c’est d’un chic !

Je reçois le 15 avril (notez la réactivité) un mail :


Bonjour,
En date du 24/02/2010, vous nous avez signalé une anomalie dans vos  données personnelles sur le site Ameli.fr.
Afin de pouvoir alerter le niveau national de ce dysfonctionnement,  pouvez-vous me confirmer que ce problème subsiste.
Dans l'attente de votre réponse, je garde votre dossier en instance.
Cordialement

Cela veut dire quoi ? Ils ne savent ou ne peuvent pas vérifier eux-mêmes ? J’y vais donc et leur réponds, un peu rageuse :

  
Bonjour,
Je viens de vérifier, la grosse anomalie persiste !!!
Je résume : sur mes relevés de remboursement, il est inscrit que ma fille est l'assurée (avec mon numéro de sécurité sociale) et que je suis son ayant droit.
Je confirme donc que ma fille (Julie) n'est pas née en 1963 mais moi-même.
Je confirme que je suis l'assurée sociale avec pour numéro 2 63 07 75 …….
Je confirme que ma fille Julie est mon ayant droit et non l'inverse !!!
 
J'espère que ma confirmation accélérera le règlement du problème qui date de plusieurs mois maintenant.
Cordialement
 

Le lendemain (ce coup-ci, c’est plus rapide) je reçois ça : 

 
Bonjour,
Après vérification à notre fichier, je vous informe que les données sont exactes.
Par contre, je vous confirme que la MSA a repris en gestion vos enfants.
Je demande ce jour, la mise à jour de votre dossier en ce qui concerne le rattachement de vos enfants sur la CPAM du Gard.
Après cette mise à jour, vous aurez à nouveau accès aux informations de vos filles sur votre compte Ameli.
En ce qui concerne l'inversion des données entre vous et votre fille, il se peut que la mise a jour du rattachement de vos enfants résolve ce problème.
Je vous informerai dès que votre dossier sera mis à jour.
Cordialement

 

J’apprends donc que la MSA a de nouveau fait des siennes. Ça ne fera qu’une fois de plus. Il faut faire quoi pour que les employés se mettent à jour des réglementations vieilles de plusieurs années ?
Mais là où je reste scotchée, c’est quand je lis « il se peut que la mise à jour du rattachement résolve le problème d’inversion ». Il se peut ? Ce n’est pas certain ?
Cela veut dire quoi ? Ils n’ont aucun moyen de corriger une erreur ? Le système informatique est tellement indépendant que les humains ont perdu le control ? Ou alors, serait-ce la preuve d’une incompétence généralisée ? Incompétence des personnels qui utilisent le logiciel ? Incompétence des créateurs du logiciel ? Dans un cas comme dans l’autre, cela me fait froid dans le dos.

Mais vous aurez remarqué qu’il n’a jamais été question dans ces réponses de mon nom d’ancienne épouse toujours abusivement ajouté au mien. Cela crée régulièrement des complications quand ce ne sont pas des échanges tels que : l’infirmière : « Votre mari a téléphoné. » « Désolée, je n’ai pas de mari. » « Oh pardon ! »
Ce n’est pas grave en soit mais fortement agaçant. Surtout sachant que je m’étais déjà battu lorsque j’étais mariée pour qu’au moins figure mon nom de naissance. L’organisme m’avait d’office nommé par celui de mon mari. A l’époque, il avait même été impossible de ne garder que mon nom. Mais se battre, encore et toujours, c’est fatiguant…
Maintenant, j’attends des nouvelles du rattachement. On verra si cela suffit pour corriger l’inversion.

 

Mais là, je ne vous ai raconté que le plus gentil, le plus léger, le plus cool…

 

Au tout début de mon aventure de la Bartholinite aiguë, j’avais un rendez-vous avec ma conseillère de Pôle Emploi. Une jeune femme charmante avec laquelle j’entretiens des rapports absolument courtois. Comme il est impossible de leur téléphoner sans payer, nous avons pris l’habitude, lorsque la situation le réclame, d’échanger par mail.
J’essais de lui prendre le moins de temps possible, je la sais de plus en plus débordée. Nous en avions même parlé lors de notre dernière rencontre. Elle m’avait expliqué quelle ne pouvait plus, vu le nombre de personnes dont elle s’occupe, que consacrer 10 minutes par entretien. Elle était malheureuse de ne pouvoir faire plus, se trouvant dans l’obligation se contenter du service minimum. Elle a juste le temps de remplir le formulaire obligatoire.
Une semaine avant le rendez-vous, je lui écris pour l’informer que je ne pourrais être présente, ayant été dans l’obligation de prendre un rendez-vous chez un spécialiste et lui demande si elle peut le reporter. Elle connaît mes problèmes de santé et nous avons déjà procédé ainsi par le passé. Comme en plus, il est précisé, en bas de la convocation, que si je ne suis pas disponible et afin qu’un nouveau rendez-vous soit fixé, je dois impérativement les contacter dans les plus brefs délais, je me crois conforme aux règlements et je suis confiante.

Les jours suivants, je suis un peu surprise de ne pas recevoir de réponse et mets cela sur le compte du trop plein de travail. Je ne la reçois qu’à l’heure du rendez-vous. Elle m’informe quelle ne peut pas le reporter et me demande de lui faire un compte rendu de mes recherches d’emploi par mail. Sauf que, ma Bartholinite a déjà commencé ses ravages et je repousse ma réponse à plus tard. Fatale erreur !!
Le lendemain, je brûle toutes mes forces à accompagner Suzanne à son cours d’équitation, récupérer Julie après son cours de conduite, bref, je repousse encore…
Le lendemain, visite aux urgences où j’apprends que je passerais sur le billard le lendemain. Le soir même, ne sachant dans quel état j’en reviendrais, je prends la précaution de lui écrire afin de lui expliquer mon silence et lui promets mon compte rendu pour le week-end. Je n’ai pas tenu ma promesse, trop épuisée. La suite me prouve qu’au fond, cela n’avait pas grande importance.
Entre temps, je dépose mon arrêt de maladie qui débute le 2 avril et tente d’oublier ce « bip » de drain de 5 cm que j’ai planté dans la chair et qui me fait un mal de chien. A oui, je finis quand même par lui faire ce mail de compte rendu.
Une semaine plus tard, je trouve dans ma boite aux lettres, un avertissement avant radiation pour absence à mon entretien personnalisé, daté du jour de mon hospitalisation. Comme quoi, les mails que j’ai pris la peine de lui écrire n’ont servi à rien.
On m’informe que j’ai 15 jours à compter de la réception du présent courrier pour leur faire parvenir, par écrit, les raisons de cette absence à convocation. Vous doutez bien que je ne tarde pas à envoyer ce courrier, expliquant les raisons de mon absence et précisant les mails échangés avec ma conseillère.
Aujourd’hui, je trouve dans ma boite, un mail de Pôle-emploi qui me prévient qu’il y a un document à ma disposition dans mon dossier de demandeur d’emploi. J’y vais, craignant le pire et j’ai bien raison de le craindre !

Le document est daté du 16 et je le reçois le 19, ce qui prouve que même le système informatique ne travaille pas le week-end. Nous avons donc les galères des automatismes sans en avoir les avantages. Voici la teneur du document :

« Décision de cessation d'inscription

Vous êtes en arrêt maladie ou en congé maternité et vous avez déclaré ne plus être à la recherche d'un

emploi. De ce fait, vous cessez d'être inscrite sur la liste des demandeurs d'emploi à compter du 02 avril

2010, conformément aux dispositions du code du travail (1).

Si vous bénéficiez du RSA, j’attire votre attention sur le fait que cette décision est adressée au Président du

Conseil Général qui pourra décider d’interrompre le versement de ce revenu. »

Le petit (1).renvoi à ça en bas de page : 1) Articles R. 5411-17 et R. 5411-18 du code du travail.

Je suis certaine que tous les demandeurs d’emploi connaissent par cœur les articles du code du travail.

Je crois que je n’ai pas réussi à me retenir de fondre en larme. Plus d’inscription donc plus d’allocations et en plus je suis menacé de perdre le Rsa. J’ai l’impression que le ciel me tombe à nouveau sur la tête. Reproduction de la situation de décembre lorsque le service chômage du rectorat m’informait que j’étais arrivée au bout de mes jours d’indemnisation. Mais est-ce que ces galères vont un jour s’arrêter !!!!

A relire plusieurs fois, au mieux, je n’y comprends rien, au pire, c’est du n’importe quoi. Jamais je n’ai déclaré que je n’étais plus à la recherche d’un emploi !
Si mon absence est responsable de cette radiation, elle devrait débuter le jour du rendez-vous c’est à dire le 30 mars. Mais il est écrit que je cesse d’être inscrite depuis le 2 avril, début de mon arrêt de maladie. Cela veut dire que l’on est radié quand on est malade ? Il ne nous reste plus, au choix, ou ne pas déclarer sa maladie ou crever de faim ?
Serais-je maudite ou ais-je un ennemi intime à Pôle Emploi ? Parce qu’à l’occasion de mon hospitalisation de décembre, ce merveilleux service m’avait placé en formation (et un dysfonctionnement de plus, un !).

Voilà où j’en suis. Je viens d’envoyer des mails à mes interlocuteurs locaux. Pourront-ils quelque chose contre tous ces automatismes informatiques ?

En bas de page, il est précisé ceci : 

ATTENTION

Si vous entendez contester cette décision, vous devez obligatoirement saisir d'un recours préalable votre

pôle emploi, dans un délai de deux mois à compter de la réception de la présente décision, conformément

aux articles R. 5411-18 et R. 5412-8 du code du travail ; ce recours ne suspend pas la décision de cessation d'inscription. »

Je viens de vérifier sur Internet, d’autres ont été confrontés à des radiations abusives mais le recours n’a pas empêché qu’ils ne touchent rien pendant 2 mois…

Comme en décembre, je vais conclure ce billet par un « ne pas sombrer, surtout ne pas sombrer… »

Publié dans Au jour le jour

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