Mardi 6 février
Vendredi, je me suis trompée. Cette séparation me déchire les tripes, encore…
Depuis jeudi, je tente de faire diversion. Je suis sortie, j’ai cru m’amuser.
Je me suis jetée dans d’autres bras croyant oublier les siens.
J’ai travaillé. Seules les quelques heures passée en compagnie des élèves m’ont emporté loin de ma peine.
Les livres, peine presque perdue. Concentration impossible.
Demain, épreuves du capes interne d’arts plastique. Je m’y suis inscrite sans le préparer, impossible d’être partout.
Aujourd’hui, je me suis plongée dans les quelques ouvrages que j’ai dans ma bibliothèque pour tenter de survoler un peu les deux programmes à étudier. J’ai bien aimé faire cela, retrouver ce sujet d’étude qui est mon domaine de prédilection. « Le paysage dans l’œuvre de Claude Gellée dit Le Lorrain (1600-1682). » et « La création artistique dans les domaines de l’architecture et des arts appliqués en France, depuis “l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes” de 1925, jusqu’à “l’Exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne” de 1937. »
Puis j’ai préparé mes affaires puisqu’il y a deux épreuves : la théorie et la pratique. Donc, grosse caisse à outils avec pinceaux, tubes d’acrylique, encres de couleurs … Vérification du contenu de mon carton à dessin format « grand aigle » (106x75 cm), format obligatoire de l’épreuve. Tout est dans ma voiture.
Comme l’épreuve dure 7 heures sans sortir, il faut prévoir la nourriture. Sac à dos de randonnée pour ne pas encombrer les mains déjà occupées par le carton à dessin d’un côté et la boite à outils de l’autre. Je fais le tour de mes placards et sélectionne sucres lents, sucres rapides, boissons… Je commence à être une habituée de l’épreuve et sais ce qu’il faut.
Dernier détail, la convocation. Sans elle impossible d’entrer. Et là, problème. Impossible de remettre la main dessus. Je sais que je les ais toutes rangées au même endroit pour être certaine de les retrouver. Toutes parce que je me suis inscrite à trois concours. Mais comme toujours avec moi, mieux je range et plus difficilement je trouve. Et merde !
Alors, je fouille partout dans ma multitude de tiroirs, placards, boites. Cela fait une bonne heure que je cherche et je commence à perdre patience. C’est trop con.
Et, au moment où je m’y attendais le moins, au détour d’une boite, je tombe sur quelques photos. Des photos de lui que j’avais si bien cachées. Et là, c’est la claque ! L’estomac qui se retourne, les larmes qui jaillissent, le gorge qui brûle tellement nouée. Heureusement que je suis seule, les filles sont chez leur père. Ne pas leur offrir le spectacle de mes gémissements incontrôlables.
Et puis le vide, plus rien, le rien. Plus aucune volonté, plus aucune envie, plus aucun désir…
Se reprendre, se reprendre à tout prix. Retrouver ces fichues convocations pour y aller quand même, même si c’est sans espoir de réussite. Mais ne pas lâcher prise là-dessus, surtout pas, sinon c’est glisser vers le lâché prise total et définitif. Continuer à me battre, pour moi, pour elles. Elles sont ma plus belle réussite, ma bouée de sauvetage. Penser à elle pour tenir encore un peu, jusqu’à ce que ça aille mieux.
Alors, après ce déballage indécent (on dirait que j’y prends goût à me livrer sur ce blog), comme un remède, me remettre à les chercher et enfin les trouver ces fichues convocations et aller me coucher pas trop détruite. C’est long 7 heures d’épreuves avec pas loin de deux heures de route…