Je ne craque plus, je me résigne…
Pour les épisodes précédents, allez voir les billets du 4 et du 7 septembre.
Voici la suite.
Lundi matin, je téléphone à la secrétaire du collège qui me demande si j’accepte ou non les deux heures de St-Jean du Gard dans le cas où il serait signé un contrat. Je lui explique que pour moi, c’est très difficile de refuser mais déraisonnable d’accepter, et lui exprime mon doute sur la contractualisation possible. « Mais si, me confirme t’elle, le rectorat nous a dit que c’était envisageable ».
Elle me passe la nouvelle principale qui m’explique qu’elle se bat avec le rectorat pour me faire contractualiser sur les 8 heures. Je la remercie, mais lui répète mon argument des deux heures et demi de route pour deux heures de cours. En supposant que ces deux heures soient n’importe quand dans la semaine, il ne me resterait que deux jours de libre pour caler des propositions éventuelles de boulot. Tout cela pour huit heures de cours! Vachement rentable. Je lui fais une proposition de modification d’emploi du temps, en échangeant les deux heures de St-Jean avec deux heures de St Hippo, comme c’était prévu l’année dernière. Et pour arranger tout le monde, je propose même de prendre ces heures le vendredi en sacrifiant ainsi ma formation. Elle ne refuse pas, mais il faut encore que l’autre prof accepte et nous en restons là. Nous attendons le bon vouloir du rectorat. Si quelqu’un sait pourquoi chaque année depuis trois ans, il bloque toute embauche les deux premières semaines, dites-le-moi.
Hier soir, 16h30, il pleut à verse et je vais chercher Suzanne à l’école. Quand je rentre, message de la secrétaire sur mon répondeur, (16h45 quand on sait que le collège ferme à 17h). « Je viens de recevoir un mail du rectorat, ils acceptent que tu fasses les 6 heures hebdomadaires en vacation. Nous t’attendons demain 8h25 ! »
Bon. Comme prévu, le rectorat refuse de contractualiser…
Mais il me faut réagir vite et préparer les cours. Je n’avais jusque là, aucune motivation pour le faire. A quoi bon préparer des cours si je ne suis pas embauchée… Heureusement, cela fait quand même ma sixième année d’enseignement et j’ai suffisamment d’expérience pour avoir de la matière. Et puis au fond, suis bien contente de m’y mettre. Ils me manquaient à la fin ces mômes.
Ce matin, 8h25, je suis au rendez-vous et retrouve avec plaisir ces têtes nouvelles (des 6°) ou déjà connues. Une grande partie s’excuse de ne pas avoir leur matériel, parce qu’ils n’ont pas été prévenus de ma présence. Je leur réponds que moi-même …
Puis nous parlons de leur problème d’emploi du temps. Visiblement, il n’y a pas que pour le mien que le travail a été bâclé. 7 heures de trous dans la semaine sans un après midi de libre. Pour ceux qui comme moi, ont 45 mns pour venir, ce n’est pas très drôle de sortir tous les jours à 17h30. Ils ne peuvent même pas faire leurs devoirs pendant ces trous, parce qu’avec les économies réalisées sur le dos des surveillants (vous vous souvenez de la dernière réforme qui devait être si bénéfique au collège ?), ils sont en sous effectif régulier. Donc, dans la salle d’étude où il y a en moyenne 30 places, les élèves se retrouvent régulièrement à 4 ou 5 classes (5x27=135). Et oui, vous avez bien lu 108 à 135 élèves. Je ne sais même pas comment ils logent tous. Ils n’ont pas tous de place assise. Et il est impossible d’ouvrir une autre salle d’étude, il n’y aurait personne pour surveiller. Et ne rêvez pas, tous les collèges du coin sont dans le même cas.
Mais tant que les parents ne diront rien…
Parlons maintenant de la rapidité de réaction du service paye de notre cher rectorat. Je reçois la semaine dernière un bulletin de salaire daté de juillet dont le montant ne correspond absolument pas à ce que j’avais espéré. Impossible de vérifier, le calcul est tellement opaque que jamais à l’avance vous ne pouvez savoir à combien va monter le salaire. Dans mon cas je dirais plutôt descendre. C’est encore pire pour l’allocation chômage. Sur mes relevés de compte, je trouve chaque mois deux à trois versements qui ne correspondent jamais à rien de connus. Petits les versements je vous rassure. Pour me tranquilliser, je téléphone au service concerné qui par miracle répond rapidement. J’explique mon problème et l’on me donne le montant de mes indemnités de juillet. Rien à voir avec ce qu’il y a écrit. Mais, détail important que j‘avais oublié, le papier daté du mois de juillet correspond en faite au mois de mai. Mais oui, deux mois de décalage. Qui dit mieux ? C’est une habitude ici. A chaque rentrée, prévoyez au moins deux mois pour toucher le premier salaire. Je dis bien deux mois, parce qu’il arrive, sous prétexte de changement de logiciel que l’on ne vous paye qu’après Noël. Si, si ! C’est arrivé l’année dernière ! Mais oui, vous vivez de l’air du temps pour ces fonctionnaires…
Pour moi, tout est normal donc, ayant travaillé en mai, mes indemnités sont très faibles. Ouf! « Et quand dois-je toucher mes indemnités juillettistes ? » « Elles ont été versées à la Banque de France le 18 août, vous devriez donc ne pas tarder à les voir arriver sur votre compte. » Nous sommes le 13 septembre. Sans commentaire…
Voilà ce que donne un subtil mélange d’économies actives et d’incompétences…
Nous ne pouvons rien dire. Nous dépendons d’eux. Vous savez que le droit de grève dans la fonction publique peut aussi être une vue de l’esprit ? Les contractuels et les vacataires jamais ne font grève sinon ils sont certains de ne pas retrouver de boulot l’année suivante…
La prochaine fois que vous entendrez un ministre déblatérer sur l’égalité des chances dans l’éducation, pensez aux conditions de travail des élèves, pensez à nos conditions de travail. Parce que nous sommes de plus en plus nombreux dans ce cas là. De moins en moins de postes au concours. Ça coûte trop cher un titulaire…
J’ai lu, il y a peu une proposition d’un ministre. Pour financer sa dernière mesure pour l’emploi, (exonérer de charges sociales les entreprises de moins de 20 salariés), il allait économiser sur la fonction publique. La fonction publique, c’est l’éducation nationale, c’est la santé aussi.
A propos, c’est quand les élections ?
Et les Français, auront-ils compris comment marche la droite ou se laisseront-ils encore bernés par le discours fabriqué de toute pièce par les conseillés en marketing ?
Dernier commentaire, j’ai écouté avant hier ou hier sur France Culture, l’interview d’un prix Nobel d’économie, un certain Alfred Stieglitz. Je ne suis pas économiste, ne pourrais donc pas vous résumer son analyse, mais jetez-vous sur son livre, ça a l’air passionnant et clair. Moi je ne peux pas, pas les moyens en ce moment … Mais si nous étions plus nombreux à lire ou à écouter ce genre d’émission, les libéraux de tous poils, ne pourraient plus nous imposer leur pensée unique (inique ?).